Histoire de l'établissement
Un modèle d'architecture scolaire
De tous les chantiers de lycées lancés par Jules Ferry, ministre de l’Instruction publique de 1879 à 1883, le lycée Lakanal fut sans conteste le plus ambitieux et le plus novateur. Jamais les petits parisiens n’avaient bénéficié d’autant d’égards que dans cet établissement, le premier d’un vaste projet qui voulait que tous les lycées d’internes de la capitale fussent transportés à la campagne, suivant le modèle du lycée Michelet, créé à Vanves en 1864. Sa conception fut confiée à l’architecte Anatole de Baudot.
Le site, bien sûr, était exceptionnel, et l’architecte fit son possible pour ouvrir son établissement sur les frondaisons de l’ancien parc de la duchesse du Maine ; son plan en peigne rompait ainsi avec la tradition des lycées antérieurs, dont les cours étaient entourées de bâtiments. Comme l’exigeaient les règlements, chaque "quartier" d’élèves (les grands, les moyens, les petits et les minimes) avait sa propre cour de récréation, son préau couvert, ses salles de classe et d’études et ses dortoirs. Au cœur du lycée, s’élevait le pavillon de l’administration. Les services communs aux lycéens étaient rejetés sur les bords du terrain : les bains, les cuisines et les réfectoires au nord, en bordure de l’actuelle avenue du Président-Roosevelt où ils bénéficient d’une entrée particulière ; le gymnase et la chapelle (démolie), au sud. A l’extrémité-est du parc, un bassin de natation et un manège équestre complétaient les luxueuses installations sportives.
En vue d’assurer des conditions optimales d’ensoleillement et d’aération des espaces intérieurs, Baudot conçut des bâtiments en simple épaisseur qu’il perça d’une multitude de fenêtres - de largeur et de nombre variables - dont le dessin était dicté par le seul souci fonctionnel : aux salles de classes et d’études, auxquelles les règlements imposaient un éclairage unilatéral venant de la gauche, correspondaient ces larges baies du rez-de-chaussée et, par endroits, du premier étage ; sur leur droite, du côté des galeries de circulation, d’étroites ouvertures, fermées par des volets, n’avaient "d’autre but que d’assurer le renouvellement d’air dans chaque bocal, après la sortie des élèves".
Sensiblement moins larges, les fenêtres des réfectoires (rez-de-chaussée) se répondaient symétriquement de part et d’autre des bâtiments. Enfin, dans les étages, de minces ouvertures démultipliées assuraient une ventilation efficace aux dortoirs ; à chacune de ces fenêtres correspondait un lit. Coiffées de lanternons, les légers ressauts qui animent les longues façades abritaient les lavabos des internes. Ainsi pouvait-on "lire", depuis les cours, les distributions intérieures.
ANATOLE DE BAUDOT 1834-1915
LE PARC :
En 1902-1903, Edouard Redont crée les jardins du lycée Lakanal.
L’espace boisé du lycée couvre aujourd’hui une surface d’une dizaine d’hectares complanté de 388 essences.
NOM | INTERET |
---|---|
Arbre aux quarante écus pleureur | rareté |
Charme commun | âge |
Érable Sycomore | port |
Février à trois épines | dimensions |
Frêne commun | dimensions |
Hêtre pourpre | port |
Pin de Corse, laricio | dimensions |
Platane commun, à feuilles d’érable | dimensions |
Prunier de Pissard | général |
Séquoia géant de Californie | dimensions |
Sophora | dimensions |
Tulipier de Virginie | dimensions |
Né à Champigny sur Vesle, le 13 février 1862, il entre à l’âge de treize ans comme "porte-chaînes" chez le paysagiste parisien Jean-Pierre Durand dont il deviendra le collaborateur direct puis le successeur en 1892. Il travaille pour les familles des grandes maisons de champagne : Pommery, Werlé, Plé-Piper, pour la duchesse d’Uzès, petite fille de la veuve Cliquot. En 1898, il gagne le concours du parc Bibesco à Craiova en Roumanie, pays où il effectuera un brillant parcours auprès du roi Carol 1ier. En France, une de ses oeuvres les plus représentatives est le parc Pommery à Reims réalisé à partir de 1909. Il travaille autour de Paris pour différentes personnalités comme la couturière Madame Paquin à Saint-Cloud, le parfumeur Révillon à Poissy-Migneaux ou Jacques Potin, petit fils de Félix au château de Dampont à US dans l’actuel Val d’Oise...Il connaît ces personnalités dans le cadre des nombreuses expositions universelles et internationales auxquelles il participe, entre 1895 et 1921.
En 1902 et 1903, il crée les jardins du lycée Lakanal de Sceaux.
Jusqu’à la première guerre mondiale, Redont s’inscrit parfaitement dans le courant des jardins paysagers de la fin du XIXème, à la suite d’Edouard André ou de Barillet Deschamps dont il se recommande. En 1913, avec Forestier, Prost et quelques autres, il est l’un des membres fondateurs de la Société Française des Urbanistes.
Pendant la guerre de 1914-1918, il écrit avec Agache et Auburtin l’ouvrage Comment reconstruire nos cités détruites qui sera la "bible" de la reconstruction des années 20. Il participe à l’exposition "La cité reconstituée" qui se tient à Paris au Musée des Arts Décoratifs en 1916. Le conflit achevé, Edouard Redont établit les dossiers de dommages de guerre des parcs et jardins qu’il avait réalisés auparavant. Il participe encore à plusieurs concours d’urbanisme : Reims, La Rochelle et réalise à cette époque de nombreux équipements sportifs à Caen, Troyes, Malo les Bains, l’hippodrome de Clairefontaine à Deauville. Il travaille aussi à l’aménagement du cimetière national de Douaumont et à la Base aérienne militaire de Reims.
Le 7 mars 1942, il s’éteint à Reims dans l’indifférence générale. Pourtant il fut l’un des plus grands paysagistes du début du siècle et nombre de ses réalisations sont encore visibles aujourd’hui.